Entendre au milieu des ruines

D'une forteresse à l'abandon

La mélodie à la voix cristalline,

Venue tout droit de Paimpont.

Rares sont les gens que la magie

Attarde de nos jours incertains.

Ils voient le soir de leur vie

A leurs trousses chaque matin.

Seule une dizaine d'enfants 

Du village, par l'automne embelli

Au gré du temps, des éléments 

S'énivrent de l'alchimie.

L'instrument conteur de mythes

Fait de la tempête une égérie.

Du feu et quelques merlinites,

S'inspire la harpiste d'ici.

Je connais un village où traîne chaque soir

Le suave parfum de l'encens dans l'avenue.

S'y promène parfois une vieille charrue

Hâlée par Java, une brave jument noire.

Je connais un village où brille chaque nuit

Le rayon doré des réverbères en fer forgé.

Les mystérieux chats sauvages de Minuit

Chassent les démons tels de pieux guerriers.

Je connais un village où croissent chaque matin

Les hortensias au pied d'anciennes demeures.

Les artistes de leurs pinceaux les plus fins

Eternisent ces instants qui respirent le bonheur.

Je connais un village où j'entends à toute heure

Les airs de musique celte et le chant des fées.

Ce petit paradis perché sur les hauteurs:

Rochefort en terre soit mon havre de paix!

Photo by Thuringwethil

Là où le jour se lève, là où il s'endort

Sur les dunes de sable fin

Dans le jardin qui dort encore

Se posent les lendemains.

Sur le dos des serpents de terre

Qui sillonnent les forêts bretonnes

Reposent des rêves sans frontières

Que les nuits noires abandonnent.

Photo by Thuringwethil

 Entends-tu le ronflement des cheminées?

Le vent parfumé des soirs printanniers,

Le sens-tu dans la brise fraîche du soir?

Tombe la nuit, sur son grand étendard.

Les harpes et les binious se retirent;

Les conteurs font chanter leurs lyres,

Narrent les mythes de Brocéliande

Dispersés jusque dans les landes.

Dans les chemins, dans les forêts

Galopent encore quelques destriers.

Le temps assassin préserva pourtant

La beauté des nuits du Morbihan.